Trouver son style musical est sans doute l’un des plus grands défis d’un artiste. Entre nos influences, nos envies d’expérimentation et les attentes du public, il est facile de se perdre en chemin. Pourtant, c’est cette quête qui permet de donner une cohérence artistique à un album et de se démarquer en tant que musicien.
Quand j’ai commencé à composer, j’avais en tête des dizaines d’artistes qui m’inspiraient, mais je n’avais pas encore trouvé ma propre voix. Pop, folk, chanson française, soul, rock tranquille ? Je me nourrissais de toutes ces influences sans toujours savoir comment les assembler de manière cohérente. Ce n’est qu’en enregistrant mes premiers morceaux et en travaillant avec d’autres musiciens que j’ai compris l’importance de définir une direction claire.
Dans cet article, je vais partager les 7 étapes qui m’ont aidé à structurer mes EPs et à affiner mon univers musical. Il ne s’agit pas d’un mode d’emploi rigide, mais plutôt d’un guide basé sur mon expérience, qui vous aidera à bâtir un projet qui vous ressemble vraiment.
Si vous êtes en plein processus de création, ces conseils vous aideront à choisir les bonnes chansons, le bon son et les bonnes personnes pour mener votre album à bien. Vous voulez un projet qui a du sens et une identité forte ? Alors, c’est parti !
1. Clarifier son identité artistique
Avant même d’entrer en studio ou d’écrire une chanson, il faut savoir qui on est en tant qu’artiste. Cette question peut paraître simple, mais elle est en réalité au cœur de tout projet musical réussi.
Se connaître soi-même pour mieux se définir
Quand j’ai commencé la musique, je ne me suis pas tout de suite demandé : Quel est mon style ? J’écrivais des chansons, j’explorais des sonorités, mais je n’avais pas encore mis de mots sur ce que je voulais vraiment transmettre. Pop ? Folk ? Chanson française ? Soul rock ? J’étais un peu tout ça à la fois.
Avec le temps, j’ai compris que mon identité musicale ne se limitait pas à un seul genre, mais à une façon de raconter des histoires. Ce qui me définit avant tout, c’est l’émotion et l’authenticité. Peu importe les arrangements, ma musique repose sur une écriture sincère et des mélodies qui touchent.
👉 Si vous êtes dans cette phase de recherche, prenez du recul. Posez-vous les bonnes questions :
- Quels artistes ou albums m’ont profondément marqué ?
- Quels thèmes reviennent souvent dans mes chansons ?
- Pourquoi est-ce que j’écris de la musique ?
S’inspirer sans se perdre
S’inspirer d’autres artistes est naturel. Mais attention à ne pas tomber dans le piège de vouloir coller à une tendance ou ressembler à un artiste qu’on admire. C’est une erreur que j’ai moi-même faite au début : essayer de sonner comme mes références plutôt que de trouver ma propre voix.
J’ai appris à assumer mon mélange de styles, en gardant ce qui résonnait en moi. Mon dernier EP, Absinthe, en est un bon exemple. J’y ai mis mes influences pop, folk et chanson française, tout en gardant un groove omniprésent.
👉 Exercice utile : Essayez de décrire votre musique en une phrase. Si vous avez du mal, demandez à des proches ou à des fans ce qui ressort le plus dans vos chansons.
➡ Pour aller plus loin sur cette notion d’authenticité en composition, vous pouvez lire mon article : Composer : vivre avec authenticité pour les autres.
2. Identifier ses forces et ses faiblesses
Une fois que l’on commence à cerner son identité musicale, il est essentiel d’être honnête avec soi-même : quelles sont mes forces ? Qu’est-ce que je peux améliorer ?
Connaître ses atouts pour les mettre en avant
Au fil des années, j’ai compris que ma force principale n’était pas d’être un grand technicien vocal ou un musicien virtuose. Ce qui marque les gens dans mes chansons, c’est ma façon d’écrire et de raconter des histoires.
Quand j’ai sorti Que dirais-tu ?, j’ai reçu des messages de personnes qui se reconnaissaient dans mes paroles. Ce morceau parle de la perte de mon père, et c’est justement cette sincérité qui a touché. J’ai réalisé que l’émotion et le storytelling étaient mes meilleurs alliés.
👉 Posez-vous ces questions :
- Quelle est ma plus grande qualité en tant qu’artiste ? (Écriture, voix, mélodies, énergie scénique, originalité du son ?)
- Qu’est-ce que les gens retiennent de mes chansons ?
- Quels compliments reviennent souvent sur ma musique ?
Accepter ses faiblesses et progresser
L’autre côté de la médaille, c’est d’être conscient de ses points faibles. Pendant longtemps, mon plus grand frein a été le manque de confiance. J’avais l’impression de ne pas être « dans l’air du temps », que ma musique n’intéresserait pas les radios ou les playlists. Et puis, j’ai compris que ce doute faisait partie du chemin.
J’ai aussi appris à déléguer. Je ne suis pas un expert du mixage, alors j’ai fait appel à des pros. Sur mon EP Absinthe, travailler avec le Studio Baboo m’a permis de donner une vraie cohérence sonore à mes morceaux.
👉 Soyez lucide sur ce que vous pouvez améliorer et osez vous entourer de personnes qui complètent vos lacunes. Que ce soit un coach vocal, un arrangeur ou un producteur, le but n’est pas d’être parfait, mais d’avancer.
➡ À lire aussi : Comment gérer le doute et la pression en tant qu’artiste indépendant ?

3. Créer un univers sonore cohérent
Trouver son style musical, c’est aussi définir un son reconnaissable. Un bon album ou EP ne se résume pas à une simple collection de chansons : il doit raconter une histoire et transporter l’auditeur dans un univers sonore homogène.
Trouver le bon équilibre entre influences et identité
Quand j’ai commencé à travailler sur Absinthe, j’avais en tête une ambiance organique et intemporelle, quelque chose qui mêle chanson française, folk et soul rock tranquille. Mais comment donner une cohérence sonore à des morceaux qui n’ont pas tous la même énergie ou les mêmes arrangements ?
👉 J’ai appliqué une règle simple :
- Un fil conducteur dans les sonorités → Guitares acoustiques et électriques, groove omniprésent, touches de piano.
- Une couleur émotionnelle homogène → Des thèmes liés à la nostalgie, aux regrets, à l’amour et à l’acceptation.
- Un mixage qui unifie le tout → Travailler avec une seule équipe de production aide à garder une cohérence globale.
Les choix qui font la différence
Il ne suffit pas d’écrire de bonnes chansons, encore faut-il les habiller avec le bon son. Pour cela, j’ai fait des choix artistiques précis :
- Des arrangements sobres mais efficaces : Je ne voulais pas tomber dans la surproduction. Mon objectif était de garder un son authentique et chaleureux, où chaque instrument a sa place.
- Un travail de production minutieux : En enregistrant au Studio Baboo, j’ai collaboré avec des musiciens et ingénieurs du son qui ont compris ma vision et l’ont sublimée.
- Une réflexion sur l’énergie des morceaux : Trop de titres calmes d’affilée peuvent lasser l’auditeur, trop de morceaux rythmés peuvent casser l’émotion. J’ai cherché un équilibre dans la tracklist.
Conseil : Écoutez votre album comme un auditeur lambda
Une fois que vous avez avancé dans la production de votre album, prenez du recul et posez-vous ces questions :
- Est-ce que les morceaux s’enchaînent naturellement ?
- Y a-t-il des incohérences dans les sons ou l’ambiance générale ?
- Ai-je bien trouvé mon son, ou est-ce que certaines chansons sonnent trop différemment des autres ?
➡ À lire aussi : Donner du sens à ses chansons pour approfondir la cohérence thématique et musicale d’un projet.
4. Trouver l’équilibre entre innovation et authenticité
L’un des plus grands défis lorsqu’on crée un album, c’est de trouver le juste milieu entre rester fidèle à son identité et apporter de la nouveauté. Si l’on se contente de refaire ce que l’on sait déjà faire, on risque de tourner en rond. À l’inverse, si l’on cherche à trop innover, on peut perdre ce qui fait notre singularité.
Savoir évoluer sans se trahir
Quand j’ai travaillé sur Absinthe, j’avais envie d’explorer de nouvelles sonorités tout en gardant ce qui fait mon ADN musical. Par exemple, j’ai toujours eu une écriture très ancrée dans la chanson française, mais j’ai voulu y intégrer plus de groove et d’influences soul/folk.
👉 Trois questions à se poser avant d’expérimenter :
- Est-ce que cette nouvelle direction musicale me correspond vraiment ?
- Est-ce que je ressens du plaisir en jouant ces nouvelles sonorités ?
- Est-ce que cela apporte une valeur ajoutée à mon univers, sans en casser la cohérence ?
Ne pas avoir peur d’essayer
L’innovation ne vient pas toujours d’un virage radical. Parfois, de petits ajustements suffisent :
- Tester de nouveaux instruments (un orgue Hammond, une basse plus présente, des percussions inattendues).
- Expérimenter avec la structure des morceaux (refrain qui n’arrive pas au début, pont plus développé…).
- Changer la manière d’interpréter un texte (chant plus posé, voix plus fragile ou au contraire plus assurée).
L’authenticité passe avant tout
Au final, peu importe les choix artistiques, ce qui compte, c’est qu’ils soient sincères. J’ai appris à ne plus chercher à “faire comme” tel ou tel artiste, mais à toujours me demander si ce que je fais me ressemble.
➡ À lire aussi : Composer : vivre avec authenticité pour les autres
5. Sélectionner les bonnes chansons
Un album ou un EP n’est pas une simple compilation de morceaux. Chaque chanson doit avoir sa place et contribuer à raconter une histoire cohérente. Mais comment choisir entre toutes les compositions qu’on a sous la main ?
Trouver les morceaux qui font sens ensemble
Lors de la préparation de Absinthe, j’avais plusieurs titres possibles. Certains me plaisaient beaucoup individuellement, mais ne s’intégraient pas bien dans l’univers global de l’EP. J’ai donc dû faire des choix.
👉 Trois critères pour sélectionner les bonnes chansons :
- L’émotion et la sincérité → Est-ce que cette chanson me touche encore après plusieurs écoutes ? Si elle me laisse indifférent, elle risque de ne pas marquer les auditeurs non plus.
- La cohérence avec les autres morceaux → Un titre peut être excellent, mais s’il casse l’ambiance générale de l’album, il vaut mieux le garder pour un autre projet.
- L’équilibre dans la tracklist → Trop de morceaux lents ou trop de titres rythmés peuvent nuire à la dynamique globale. Il faut penser à l’expérience d’écoute.
Savoir couper, même si c’est difficile
J’ai parfois dû mettre de côté des morceaux que j’adorais mais qui n’avaient pas leur place sur l’EP. Par exemple, j’avais une chanson plus expérimentale qui ne collait pas au son général d’Absinthe. Plutôt que de la forcer dans le projet, j’ai décidé d’attendre un contexte plus adapté pour la sortir.
👉 Exercice utile : Faites une playlist avec vos morceaux en ordre potentiel et écoutez-la dans les conditions d’un auditeur. Si un titre vous sort de l’ambiance ou casse le rythme, il est peut-être en trop.
➡ À lire aussi : Comment bien choisir sa stratégie de sortie (single vs EP vs album)
6. S’entourer des bonnes personnes
Même si la musique est une expression personnelle, un album ne se fait jamais seul. Il est essentiel de s’entourer de personnes qui comprennent votre vision et qui sauront l’amplifier plutôt que la dénaturer.
Choisir ses collaborateurs avec soin
Quand j’ai commencé à enregistrer, j’ai rapidement compris qu’un bon morceau pouvait être sublimé… ou gâché par un mauvais choix de collaboration. Travailler avec des musiciens talentueux ne suffit pas : il faut qu’ils soient en phase avec votre univers.
Sur Absinthe, j’ai fait appel au Studio Baboo et à des musiciens comme Sébastien Chouard (guitares) Nathanaël Buis (batterie) et Nicolas Augier (piano), qui ont su enrichir mes chansons sans les dénaturer. Cette alchimie est primordiale.
👉 Trois critères pour choisir les bonnes personnes :
- Comprennent-ils votre musique ? Un bon musicien ou un bon producteur, c’est aussi quelqu’un qui sait écouter et respecter l’essence de vos morceaux.
- Vous poussent-ils vers le haut ? Entourez-vous de personnes qui vous challengent et vous permettent de vous surpasser.
- L’ambiance de travail est-elle fluide ? L’ego et les tensions peuvent tuer la créativité. Mieux vaut une équipe soudée qu’un génie ingérable.
L’importance du feeling
En musique, la connexion humaine est aussi importante que les compétences techniques. J’ai parfois travaillé avec des gens très doués, mais avec qui la collaboration ne fonctionnait pas. Aujourd’hui, je préfère m’entourer de personnes qui partagent ma vision et mes valeurs.
Ne pas hésiter à tester avant de s’engager
Avant de choisir un producteur ou des musiciens, faites des essais. Enregistrez une maquette, testez une répétition ensemble. Vous verrez rapidement si le courant passe.
➡ À lire aussi : Comment enregistrer son premier single en studio ?

7. Faire confiance au processus
Créer un album est un voyage. Peu importe le temps et l’énergie investis, rien ne se passe jamais exactement comme prévu. Il y a des doutes, des ajustements, des moments d’euphorie et d’autres où tout semble bloqué.
Accepter l’évolution naturelle d’un projet
Quand j’ai commencé Absinthe, j’avais une idée assez précise de ce que je voulais. Mais au fil des enregistrements et des échanges avec les musiciens, certains morceaux ont pris une direction inattendue. Parfois, un arrangement qu’on imaginait indispensable ne fonctionne pas. D’autres fois, un accident en studio révèle une idée géniale.
👉 Ce que j’ai appris :
- Il faut savoir laisser respirer ses chansons. Trop de contrôle peut étouffer la spontanéité.
- Rien ne sert de forcer une idée si elle ne fonctionne pas. Il vaut mieux être flexible et accepter les ajustements.
- Chaque album est une photographie d’un moment donné. Inutile de chercher la perfection absolue, l’essentiel est d’être sincère.
Prendre du recul avant de finaliser
Une fois l’enregistrement terminé, il est tentant de vouloir sortir l’album au plus vite. Mais une phase de repos et d’écoute critique est essentielle. Pour Absinthe, j’ai pris quelques semaines de recul avant de finaliser le mix. En réécoutant avec des oreilles fraîches, j’ai pu ajuster les derniers détails avec plus de clarté.
👉 Conseil : Faites écouter vos morceaux à quelques personnes de confiance, pas forcément musiciens. Un avis extérieur peut révéler des éléments que vous n’aviez pas remarqués.
➡ À lire aussi : 8 étapes pour réussir le lancement de votre projet musical
Osez affirmer votre son
Trouver son style musical et construire un album cohérent, c’est un processus qui prend du temps. Il ne s’agit pas de cocher des cases, mais de créer un projet qui vous ressemble vraiment.
👉 Récapitulons les 7 étapes :
- Clarifier son identité artistique → Comprendre ce qui vous définit et ce que vous voulez exprimer.
- Identifier ses forces et ses faiblesses → Mettre en avant vos atouts et travailler sur vos points faibles.
- Créer un univers sonore cohérent → Trouver les éléments qui donnent une signature à votre musique.
- Équilibrer innovation et authenticité → Explorer sans perdre ce qui fait votre singularité.
- Sélectionner les bonnes chansons → Garder celles qui s’intègrent parfaitement à votre projet.
- S’entourer des bonnes personnes → Travailler avec des musiciens et producteurs en phase avec votre vision.
- Faire confiance au processus → Accepter que tout évolue et que l’imperfection fait partie de la magie.
🎶 Et vous ? Où en êtes-vous dans la construction de votre projet musical ? Avez-vous déjà trouvé votre son ou êtes-vous encore en exploration ? Partagez votre expérience en commentaire ou envoyez-moi un message sur Instagram ou Facebook.
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Auteur-compositeur-interprète, Stephan Paul se distingue par ses sonorités bluesy, folk / rock et ses paroles touchantes. Son premier EP "Dualités" et le single "Je ne suis qu'un homme" sont disponibles sur toutes les plateformes. Son prochain EP "Absinthe" sera disponible dès septembre.
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