Durant des années, j’ai rêvé.
J’ai rêvé de faire le job que je fais aujourd’hui. Analyser le fonctionnement d’une entreprise, en définir les forces et les faiblesses, réfléchir aux stratégies à mettre en place pour (re)bâtir une image de marque et travailler en profondeur sur chacun de ses rouages pour atteindre les objectifs fixés.
Mais il y avait un problème. Je suis autodidacte.
Je n’ai pas appris mon métier (qui n’existait pas dans sa forme actuelle à l’époque de toute façon) sur les sièges rugueux d’une quelconque école de commerce.
J’ai acquis de l’expérience dans des jobs sous-payés (quand on n’a pas les diplômes …) et en faisant pas mal de bénévolat pour des causes qui me tenaient à coeur.
Mais j’ai eu la chance d’apprendre auprès des meilleurs. Mes profs ont été les plus grandes pointures mondiales des 50 dernières années. J’ai lu des dizaines et des dizaines de livres, parcouru des milliers de sites internet (les blogs n’existaient pas encore), enchainé les formations en ligne, …
À la porte de mes rêves, je renonce …
J’ai compris une chose.
Après bien des refus et des jobs mal payés, des années à me demander si j’étais vraiment compétent dans mon domaine, j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de reconnaissance pour vivre mon rêve.
Je n’avais pas à demander la permission. Ni à attendre une quelconque légitimité.
Il y a eu un élément déclencheur à cette réflexion.
En tant qu’autodidacte (mais les diplômés le vivent également), il arrive que l’on soit tiraillé par le syndrôme de l’imposteur. Un sentiment profond que nous ne méritons pas la place que nous avons, que nous sommes des escrocs qui font illusion et que tôt ou tard, quelqu’un s’en rendra compte et dévoilera cette supercherie au monde.
Alors que j’étais au plus fort d’une de ces crises et que ma situation professionnelle et personnelle était on ne peut plus chaotique, j’ai décidé de suivre un cursus. J’ai pris un rendez-vous avec une conseillère d’une école de commerce de Bordeaux.
Je lui ai présenté mon parcours. J’aurais aimé qu’elle me dise : “mais vous êtes déjà super fort, nous n’avons rien à vous proposer !” mais au lieu de cela, elle m’a proposé de rejoindre un Master 2 en marketing digital.
En réalité, j’étais super enthousiaste. J’allais enfin en finir avec mes petites crises existentielles et mon manque d’assurance. Au retour, alors que je déambulais sur les quais ensoleillés de Bordeaux, une petite voix au fond de moi me disait que je ne devais pas m’engager dans cette année. Je n’avais pas besoin de cela.
Quoi ? Après toutes ces années d’errance, je pouvais enfin m’asseoir, apprendre, mettre en oeuvre et surtout, obtenir en bout de course ce fichu bout de papier qui ouvre les portes vers une meilleure carrière. Mais non, cette petite voix me disait que ce n’était pas nécessaire.
J’ai donc suivi ce conseil intérieur. Je n’ai pas suivi cette année de cours.
… Pour une meilleure direction
Au lieu de cela, j’ai pris une toute autre direction. Un ami m’encourageait depuis des années à lancer mon entreprise.
J’ai avalé ma salive, relevé les manches et je me suis lancé en tant que consultant en communication et marketing digital.
Honnêtement, je flippais.
Dans la foulée, j’ai lancé mon blog. J’ai commencé à écrire de façon régulière. Malgré mes soucis de légitimité (mais qui suis-je pour parler de marketing et dispenser des conseils ?), j’ai tapé mes premiers articles.
Très imparfaits. Ils le sont toujours d’ailleurs.
Cependant, allez savoir pourquoi, des gens ont adhéré et m’ont suivi. En l’espace de quelques semaines, mon compte Twitter qui comptais une dizaine de followers est passé à plusieurs centaines. J’étais vraiment encouragé par les retours sur mon travail.
N’ayant pas vraiment subi de formatage lié à une école ou une manière de pensée, j’écrivais avec le coeur. Au lieu de parler uniquement de marketing, je partageais aussi mes valeurs, mon souci pour la cohérence de la communication avec ce qu’est véritablement une organisation, mon regard sur le web et les réseaux sociaux.
Après quelques mois, les opportunités ont commencé à se développer. Un éditeur m’a contacté pour écrire un livre sur le Community Management. J’étais cité dans plusieurs publications reconnues, dans des ouvrages de marketing. Des professeurs m’encourageaient en me disant qu’ils utilisaient tel ou tel article pour leurs cours.
J’ai eu l’occasion de travailler avec des clients très différents. Restaurateur auréolé de multiples victoires à TopChef, entreprises internationales, sportif de haut niveau en reconversion, agences de comm et marketing (les mêmes qui ne m’accordaient pas leur confiance en salariat quelques années auparavant).
Puis vint la musique
Mais je n’avais pas encore fait le tour de tous mes regrets, vous savez tous les trucs qu’on n’a pas accomplis et qui nous réveillent la nuit en mode « qu’ai-je fait de ma vie ? » (j’en ai fait une chanson …)
Depuis mon enfance, la musique a toujours été une échappatoire et une passion profonde. J’ai débuté en jouant de la guitare vers 17 ans et en chantant des chansons que je composais moi-même, souvent influencé par les émotions et les expériences de ma vie quotidienne. Ce parcours n’a pas été linéaire ni facile, mais il a été formateur et m’a permis de grandir en tant qu’artiste.
N’empêche que je n’ai jamais lancé ça sérieusement. Il m’arrivait de faire écouter mes chansons à des potes qui m’encourageaient. Mais ce fichu sentiment d’imposteur te hurle qu’ils te disent ça pour être gentil. Ce sont des amis, ils ne vont pas te dire que c’est de la merde 🫣
Mais j’ai fini par écouter des gens qui m’ont encouragé. En 2020, j’ai écrit une chanson intitulée « Que dirais-tu ? », qui évoque la perte de mon père et notre relation. Cette chanson, enregistrée en studio et sortie en 2021, a marqué le début de ma carrière musicale professionnelle. Ce premier single a été suivi de la campagne de financement participatif pour mon EP « Dualités », sorti en août 2021. Cette étape a été cruciale pour moi, car elle m’a permis de constater l’intérêt et le soutien de mon public.
L’année suivante, j’ai sorti le single « Je ne suis qu’un homme », une chanson qui parle de résilience et d’acceptation de soi. La réception de ce titre m’a encouragé à continuer à explorer des thématiques profondes et personnelles dans ma musique.
En 2023, j’ai lancé une nouvelle campagne de crowdfunding pour mon EP « Absinthe », qui a été couronnée de succès. Cet EP, enregistré au studio Baboo avec des musiciens talentueux, explore des thèmes de regrets, d’amour et de quête de soi. Travailler avec des artistes comme Nathanaël Buis, Nicolas Augier et Sébastien Chouard a enrichi mon expérience et apporté une profondeur supplémentaire à mes compositions.
À travers ces projets, j’ai appris que la reconnaissance ne vient pas toujours des institutions ou des validations externes, mais de la connexion sincère avec mon public. Mes chansons comme « Je crois que j’ai ça en moi » et « Coeur de faïence » sont des reflets de mes luttes et de mes triomphes, et c’est cette authenticité que je cherche à partager avec ceux qui écoutent ma musique.
Le chemin est encore long et plein de défis, mais chaque note, chaque parole, et chaque interaction avec les amis qui me suivent dans cette aventure me rappellent pourquoi je fais ce métier. Je n’attends plus de validation extérieure pour me sentir légitime ; je crée, j’explore et je partage ma musique avec le monde, parce que c’est ce qui me fait vibrer.
N’attendez pas que l’on vous donne la permission …
Parce que cela ne viendra jamais.
Le point culminant de ces encouragements est venu quelques mois plus tard.
J’ai donné plusieurs cours en école de commerce, et notamment à la promotion dont j’aurais du être étudiant si j’avais suivi mes incertitudes.
Je suis allé dans cette école. J’ai même fréquenté la classe de Master 2 marketing digital. Pas en tant qu’élève, en tant que prof. Je l’avoue, il y avait une certaine émotion.
N’attendez pas que l’on vous donne la permission. N’attendez pas la reconnaissance en postulant à un job si vous ne croyez pas en vous.
Depuis, j’interviens dans plusieurs écoles. J’ai donné plusieurs conférences. Mon parcours qui me semblait une faiblesse est devenu mon principal atout.
Mon site m’a permis d’acquérir une certaine reconnaissance et d’établir des liens privilégiés avec des gens pour lesquels j’ai une profonde admiration.
Prenez votre carrière en main
N’attendez pas l’opportunité qui va révolutionner votre carrière. Créez-la !
N’attendez pas que quelqu’un valide vos compétences. Faites-vous confiance !
Développez votre marque personnelle, dévoilez vos compétences et votre expérience au travers de votre contenu.
Il ne s’agit pas d’auto-promotion, de mettre en oeuvre un profil polissé et idéalisé mais de saisir qui vous êtes, ce dont vous êtes capable, quels sont vos dons et talents particuliers et de comprendre de quelle manière vous pouvez vous rendre utile — indispensable ?— auprès de vos clients ou de votre employeur.
Et vous, quels sont vos rêves professionnels ? Que faites-vous pour les mettre en action ? Savez-vous écouter cette petite voix intérieure qui semble tellement déraisonnable qu’il se pourrait bien qu’elle ait raison ?
Auteur-compositeur-interprète, Stephan Paul se distingue par ses sonorités bluesy, folk / rock et ses paroles touchantes. Son premier EP "Dualités" et le single "Je ne suis qu'un homme" sont disponibles sur toutes les plateformes. Son prochain EP "Absinthe" sera disponible dès septembre.
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