Comment écrivez-vous vos chansons ?

par | 5 Jan 2019 | 0 commentaires

Il est tellement compliqué de trouver l’inspiration que s’il nous arrive de trouver une bonne idée, nous avons tendance à vouloir répliquer les circonstances exactes dans lesquelles ce petit prodige est arrivé. Ainsi, tout comme certains sportifs ont leur rituel ou leurs objets fétiches, le compositeur se perd parfois dans des superstitions farfelues.

Pourtant, il n’existe pas de méthode, pas de bonne façon d’écrire une chanson. Tout au plus pourra t-on parler de circonstances favorables à l’écriture, mais il n’y a pas de recette applicable à chacun.

Alors que certains s’appuient sur un piano ou une guitare, d’autres vont caler des pistes sur un logiciel ou chanter a capella. Certains écrivent d’abord les paroles, d’autres vont concevoir une base rythmique ou développer une mélodie sur laquelle ils poseront des mots. Certains enregistrent leurs idées ou les tapent sur leur ordinateur, tandis que d’autres préfèreront écrire au stylo bille sur un petit carnet. Et toutes ces méthodes sont bonnes !

Alors que je vais dérouler mon processus personnel, je tiens à préciser que je ne prétends en aucune manière détenir LA méthode, celle qui tape dans le mille à chaque fois et qui conviendra à tous. Loin de là. Je confronte mes propres incertitudes et frayeurs face à une page blanche. Il s’agit juste de ma façon de faire.

La fondation de la chanson

La plupart du temps, j’ai ma guitare en main et un cahier ou un carnet en face de moi (et une tasse de thé ou de café). Il y a une raison à cela. Tout d’abord, je n’ai pas la chance de savoir jouer d’autres instruments. Je m’amuse un peu au piano, je connais les accords mais je n’y suis pas à l’aise. Si je ne suis pas un grand guitariste pour autant, la guitare m’est plus naturelle.

Ce que j’aime aussi, c’est sortir des traditionnels accords sur lesquels les doigts retombent comme par automatisme. J’écris plus souvent sur la base d’un riff que d’une suite d’accords. Pour cela, je pars parfois au hasard sur le manche, laissant glisser mes doigts, jusqu’à trouver une note, un accord ou un son qui m’inspire. Cela peut être une simple ligne de basse par exemple.

En fait, il y a cette indéfinissable sensation qu’à un moment j’ai trouvé ce que je cherchais. C’est comme une ambiance, une atmosphère dans laquelle je me retrouve, un sentiment inspiré par une ligne mélodique, un rythme ou une harmonie : le ton de la chanson, tout simplement. Je tiens quelque chose. J’essaie vraiment de me concentrer, de m’appuyer sur ce que je ressens à ce moment précis. Il est vraiment important que rien ne vienne me distraire au risque de casser ce qui vient de prendre place.

Et là encore, et c’est l’un des grands mystères de l’inspiration qui ne cesse de me passionner, il se colle comme par magie un mot ou une suite de mots sur ce petit bout de composition que je tiens. C’est vraiment de cette façon que la plupart de mes titres sont nés. Parfois c’est le refrain ou même le titre de la chanson, dans d’autres cas, juste quelques mots d’un couplet. Les mots apparaissent comme une évidence et il m’est difficile de m’en détacher par la suite. Ils s’imposent.

« Je suis le cauchemar de ton père ». « Je ne suis qu’un homme ». « Déesse de chimère ». « Je n’aime pas quand tu pars ». Toutes ces chansons se sont imposées de cette façon. Ces titres se sont comme « imposés » d’eux-mêmes en faisant tourner le riff ou les accords sur ma guitare.

Quand c’est plus difficile et que rien ne vient, comme le plupart d’entre nous, je chante en yaourt. C’est parfois tellement efficace que j’en viendrais presque à laisser les chansons dans ce langage abstrait ! Quand cela arrive, je sais que l’écriture sera plus délicate et plus longue. Beaucoup plus longue.

Le développement de l’écriture

Un riff et une suite de mots ne font pas une chanson. Ce que j’aime dans ma façon de faire, c’est que j’ai le hook de ma chanson dès le début de l’écriture, ce petit passage qui reste en tête et sait retenir l’attention de votre auditeur (qu’il apprécie ou pas d’ailleurs).

Ma technique limitée à la guitare joue en ma faveur. Je dois vraiment considérer chaque note de mon accord ou de mes riffs. Et, même si on ne peut jouer que six notes à la fois à la guitare, j’ai tendance à n’en jouer que trois ou quatre, comme pour trouver une direction plus évidente.

À partir de cette base, je vais pouvoir construire la suite. S’il m’est arrivé d’écrire une chanson en quelques dizaines de minutes, la plupart du temps le développement est plus complexe. Cela peut prendre des semaines. Des mois même pour certaines chansons. De ce fait, je ne travaille jamais de façon exclusive sur une seule chanson. Au moment où j’écris ces lignes, j’ai une dizaine de chansons qui trainent sur mon ordinateur ou sur des cahiers et qui ne sont pas terminées. Certaines sont vieilles de plusieurs mois et j’y retourne à l’occasion comme pour rendre visite à de vieilles amies.

Parfois, je vais juste rajouter un mot, trouver les accords ou la mélodie du pont. Il m’arrive aussi d’abandonner une chanson mais d’en reprendre des éléments pour en terminer une autre. C’est pour cela qu’il est important de ne rien jeter, mais de toujours recycler vos idées.

Plus haut, j’évoquais le fait de travailler sur un carnet ou un cahier. Cela présente l’avantage de ne pas être distrait par une notification quelconque sur un écran d’ordinateur. Cependant, la première raison qui me pousse à me tourner vers un support papier, c’est que je peux m’étaler. Je peux griffonner des idées, placer des mots, des rimes un peu partout, dessiner, gommer, réécrire. On n’a pas fait mieux depuis ! Je me sens plus synchronisé avec mon subconscient quand je gribouille que quand je tape.

processus composition d'une chanson

Cela dit, au fur et à mesure que mes paroles se développent, je les tape sur mon ordinateur. C’est comme si cela devenait plus concret. C’est au propre et dans ma tête, cela devient officiel, la chanson existe. Peut-être que de voir la chanson sur mon ordinateur m’aide à redevenir plus analytique, je fonctionne à un niveau plus rationnel.

Et vous, comment fonctionnez-vous ?

Si j’écris tout cela, c’est pour vous faire réfléchir à ce que vous utilisez pour écrire et vous demander de garder à l’esprit qu’il existe d’autres moyens (je ne recommande pas ma façon de faire). Mais cela me fait aussi m’interroger plus profondément sur mes propres méthodes.

Ma routine est-elle une ornière ? Cela vaut la peine de réexaminer nos méthodes de temps à autre. Si ce que je fais actuellement fonctionne, cela ne veut pas dire pour autant que je ne devrais pas essayer autre chose. Le simple fait de changer de guitare permet d’explorer des pistes différentes. Pourquoi ne pas s’amuser avec un ukulélé ? Un piano ? Un harmonica ? Pourquoi ne pas essayer d’écrire les paroles en premier afin de sortir de nos structures inconscientes qui s’imposent par le rythme de la musique. Il m’est arrivé quelque fois de sortir de ma routine et d’obtenir des résultats intéressants et différents.

Et vous, comment fonctionnez-vous ?

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